Projet de recherche et développement (2007-2010)
La ferme aquaponique (plantes aromatiques, poissons et crustacés) se déploie sur deux territoires en crise : l’alimentation et la périphérie urbaine. C'est à partir de ce constat, que nous avons lancé ce projet, pensant répondre à des besoins et des enjeux de société.
La situation alimentaire française en 2007 n’est certes pas catastrophique, mais elle laisse perplexe lorsqu’on interroge l’inscription du cycle de consommation alimentaire dans une perspective de proximité. Les terres nourricières de la périphérie parisienne ont disparu sous l’étalement urbain. L'agro-industrie et la grande distribution condamnent les urbains à consommer des aliments provenant de loin, sans garantie de qualité. Le label bio rivalise dans une compétition d'échelle : mieux nourrir mais moins nourrir, tel semble être l'enjeu.
Se pose alors la question des ratios : à combien est-on prêt à acheter une salade ou un poisson ? Quelle distance à parcourir pour quel mode de vie et mode de consommation ? Combien 1m2 peut produire en ville ? Et à quel prix ?
Le projet se positionne alors sur plusieurs enjeux :
> un équilibre de production : l'assemblage plantes et poissons dans un cycle complémentaire, avec peu d'intrants est le point de départ de cette production aquaponique.
> un équilibre économique : le ratio prix du m2 et coût de production est un indicateur pour 1) choisir des périphérie urbaine où le m2 reste accessible, 2) la population suffisamment dense, 3) les produits alimentaires avec une forte valeur ajoutée, 4) l'équilibre du bilan énergétique.
A cet effet on note par exemple, que le ratio idéal dans lequel se situe le projet est de se cantonner à une surface de 300 à 800 m2 maximum pour une implantation en péri-urbain de moyenne densité type Marne-La-Vallée, Romainville. Montreuil est déjà trop dense et trop cher pour un tel développement.
Développée pour le triangle central de la Cité Descartes, Campus Universitaire de Marne-La-Vallée, cette ferme sera prototypée à différentes échelles : système aquaponique dans différentes configurations indoor de 2 à 20 m2 (pompes, éclairage artificiel, exposition saisonnières au soleil, double vitrage, chauffage, relations inter-espèces, rythmes de croissances…), évaluation du coût du bâti, business model, labels bio-organiques, risques sanitaires, cohérences écologiques, etc. L'objectif à terme est d'alimenter en produits alimentaires frais la population fréquentant le site par l’intermédiaire de restaurants locaux (restaurant universitaire, snack bar de dégustation, mais aussi achat direct).
Illustré ci-dessous, un modèle de ferme de 600m2.
Le projet cessera pour plusieurs raisons dont la première qui est que nous rentrons avec ce projet dans un dilemme entre productivisme de l'économie dite "verte" et la découverte d'approches alternatives qui rompent réellement avec le capitalisme vert : ces rencontres occasionnent chez nous des prises de conscience cruciales. L'exposition en 2008 dans la Biennale de design de Saint-Etienne dans City Eco-Lab de John Thackara nous ouvre des perspectives nouvelles qui ne pourrons se réaliser dans ce projet malgré notre insistance. Le solutionisme technologique et design à l'œuvre dans le développement de cette ferme aquaponique est un condensé de ce que le design sait faire de plus erroné, de plus artificiel pour résoudre des questions qui sont avant tout sociales et écologiques.
Équipe Urbaponie
Concept urbain et design : Olivier Peyricot, Nicolas Dahan
Aquaponiste : Léon-Hugo Bonte
Ingénieure agronome : Agnès Joly
Economiste : Gilles Varinot
